De Nous à Vous...

- Bien, mes petites, vous êtes adorables, mais je pense qu’il serait grand temps de revenir à une attitude plus prosaïque et surtout plus en adéquation avec votre rôle de lectrices ! Vous l’aurez constaté, depuis quelques temps, nous sommes un peu dans la panne radio pour l’Avion ! Madame la Pilote a ses petites affaires à régler, certes, mais elle oublie ce pour quoi elle est là, en d’autres termes, nous ! Je pense que d’aucunes m’auront reconnue, je me présente pour les autres, Nicole Cisgnac, apparue précédemment dans La Fille de Pigalle, et sans qui toute cette histoire eût été ma foi fort monotone. Mais là n’est pas le sujet de mon intervention.

Non, mes petites, je suis là pour mettre un terme à tout ce dégoulinage sentimentalo-affectueux, bien sympathique, il est vrai, voire charmant, mais qui, je suis désolée de vous l’apprendre, nous laisse nous, personnages qui peuplons ces destinations, bien en rade ! Savez-vous, mes petites, avez-vous la moindre conscience de ce qu’est la destinée d’un character comme on dit outre-Atlantique pendant que son auteur se déliquéfie en parcelles énamourées mais désastreusement muettes ? Et bien, pour rester poli, on s’enquiquine sérieusement ! Je suis là, assise avec la Barbara des Amantes, femme charmante au demeurant, mais avec qui, au bout d’un certain laps de temps, je tourne en rond. J’ai donc une requête à vous soumettre, et je dis « requête » parce que je suis bien lunée aujourd’hui ! Je voudrais donc vous demander…. Rronnn… rronnn….

- Bonjour, c’est moi, c’est Lian… Je crois que la Cisgnac vient de retomber en narcolepsie, la pauvre… Ne vous inquiétez pas, j’ai eu le temps de glisser un oreiller sous sa nuque. En fait, je venais un peu aux nouvelles, moi-même. Depuis mon départ précipité de Pigalle, j’ai l’impression qu’il se passe de drôles de choses ici et que le contact a été légèrement rompu. Je crois que notre Pilote subit de grands bouleversements de vie et que cela lui occasionne une certaine difficulté d’écriture… Je sais ce que c’est, croyez-moi… depuis mon départ, je n’ai pas arrêté moi-même ! Mais je vous rassure, tout va bien. Je chante à Londres, dans un cabaret renommé et je vais, je pense, d’ici peu, reprendre contact avec la Narratrice. Elle m’a tellement aidée. Je ne sais pas ce que j’aurai fait sans elle… Bref, pendant que la Cisgnac dort profondément, permettez-moi de vous confier que vos commentaires à toutes ont apportés et apporteront encore longtemps à Madame la Pilote un réconfort certain et beaucoup de joie. Je les ai lus moi même. Ils m’ont tous émue, prodigieusement. Ils me donnent de la fierté, beaucoup de fierté d’avoir été partie prenante de quelques textes et d’avoir ainsi participé à votre attachement pour l’Avion. Alors laissez-moi vous embrasser, et vous remercier encore. Je me sauve…

- Nicole ?

- Rronnn…. Rrronnn….

- … Non, je crois que c’est mauvais de la réveiller… Bonjour, moi Aurélie. Je viens de croiser la Borgne qui m’a avertie de ce qu’il se passe ici. A vrai dire, je n’osais plus trop traîner ici après ce que vous savez…. Mais je reste très attachée à cet Avion là et je constate que vous aussi. Woaw… vos commentaires… Nous, sur la plateforme, on pourrait en prendre de la graine. Je n’en ai jamais lu d’aussi beaux… Je ne sais pas trop où est Madame la Pilote, vers une nouvelle destination, je crois, mais je suis certaine qu’elle a le cœur rond et plein de toute votre affection. C’est bien de le lui dire. Elle a besoin de cette sincérité là.  Et puis l’amour se moque du virtuel croyez-moi… je suis bien placée pour vous le dire…

- Quoi ?! qui a éteint la lumière ?!... Ho ?!... Il y a quelqu’un ?... Mais où elles sont parties encore ?!.... Ce n’est pas possible, ça ! Hohé !... Ha ! Vous là-bas ! Oui ! Vous, là, qui lisez ! Dites moi ma petite, est-ce que vous pourriez enfin me dire ce qu’il se passe ici ?! Non, mais c'est insupportable à la fin...  Ecoutez-moi bien, je.... rronn... rronn....

Merci....