Chaque matin, lorsque je me réveille, je suis une espèce de cérémonial installé de lui-meme. Je met en route la cafetière préparée de la veille car, je vous l'ai sans doute déjà dit mais, je suis extrèmement maladroite au lever... j'ouvre mon ordinateur, je redresse la tête en écarquillant mes yeux encore endormis, je bois une tasse d'un café brûlant, noir, bien fort .. puis, enfin réveillée, toute la caféïne se diluant dans mes veines qui s'étirent, se rétractent, commencent à palpiter, je plonge dans mon bel uniforme, boucle ma ceinture rose et vais faire le tour de mes mondes en espérance fébrile d'y lire de petites pépites émouvantes, drôlatiques, prenantes, en un mot, vivantes !
Ce matin ?... pas de déception... Dame Cafetière
link nous délivre un magnifique poème, rempli des bruissements de l'attente, du désir, du don d'elle-même... comme elle sait si bien le faire... Puis je cabre l'Avion, direction Lily et son Jeu du je
link qui nous donne ce matin à rire et pleurer, comme à boire et à manger, à une table conviviale où il fait bon venir s'asseoir. Je relance les moteurs, je tire sur le manche, et je m'élance alors vers le petit monde de Pucca
link qui, dans une espèce de baromêtre incroyable, au gré de ses humeurs, nous pêche des videos démentielles et bien souvent ö combien entrainantes. Un vrai boost même s'il faut particulièrement aimer les années 80.... Puis, direction une autre planète
link où Chris nous fait partager ses émotions sur fond de grand bleu... et encore bien d'autres destinations comme celle de Mademoiselle C.
link où j'aime venir me lover, au sein d'un hôtel particulier aux lumières chaudes et tamisées...
Bien souvent, le pot de café y passe et ces lectures me bercent longtemps durant ma journée. Elles m'auront données de la joie, parfois un brin de tristesse, mais le plus clair des cas, m'auront fait ressentir un élan vital, un partage, une générosité franche, sincère où les émotions vraies trouvent leur place. Et c'est sans doute cela l'extraordinaire, cette impression de réalité, de vrai, de concret dans un monde que l'on dit virtuel...
Alors qu'est-ce que la virtualité ?....Ethymologiquement, c'est ce qui "est en puissance"... en informatique, ce qui n'est pas limité "en dimensions". J'aime ces deux définitions car elles soulignent chacune la force de ce que nous créons, ici même, à travers nos textes, nos billets d'humeur, nos posts imagés de clips... J'ai longtemps cru que s'exprimer sur un blog était faire preuve de facilités, de manque de courage en se cachant derrière un anonymat protecteur... mais non... Car lorsque je lis certains articles, comme celui du Placard du Café ou Ailleurs du Jeu du Je, je sens bien que derrière ces mots palpitent des vies qui se dévoilent avec une volonté extrème de lâcher prise, de se donner, d'échanger. Ces textes sont à mes yeux autant de cadeau de vie précieux et que j'aime, vraiment.
Pourquoi je parle de tout cela ce matin ?... A vrai dire, je n'en sais rien. J'éprouve juste une volonté qui me pousse à cela aujourd'hui. Et puis sans doute parce que je voulais m'adresser à vous, toutes et tous, qui plongez aussi dans mes escales, mes vols parfois lointains, mes ombres et mes pleins soleil. Parce que je voulais vous dire...
Que si l'Avion est assez silencieux ces derniers temps, si sa maintenance est lente et laborieuse, si ses textes se cristallisent dans des billets qui sont justes de petites balises pour ne pas se perdre, c'est qu'il y a en moi une tempête levée depuis plusieurs semaines qui ne se calme pas et m'agite de fortes turbulences. Aucun texte de fiction, depuis, ne vient. Je vous avais promis un "Bal des Débutantes"... Il est là, devant mes yeux, trois pages qui m'ont réclamées tant d'efforts que je doute de vouloir jamais l'éditer. Je n'y arrive pas, je n'y arrive plus. Oui... il y a eu ce petit voyage en train et son petit bouton... mais c'est comme laisser la lumière allumée lorsque l'on part... Rien de plus...
L'épine-vinette est sans doute le texte qui m'a donné le plus de douceurs parce que dédié à l'inconnue qui m'en a généreusement offert l'image.. mais il faut remonter à la
Septième Vague pour qu'enfin je ressente cette force, cette vie, cette jouissance d'écriture.
Ce jour là, j'ai sauté du haut de la falaise, vraiment, et je sais que j'ai réussi à plonger dans cette vague magique qui m'emporte aujourd'hui loin, très loin de tout ce que j'ai pu être ces dernières années. Ma vie change, ma vie se bouleverse, ma vie se transforme, et même si elle navigue sur le dos d'une vague, je sais qu'elle ne part pas à la dérive, non. Mais au milieu de cet océan, parfois, je suis prise de vertige. Mes repères sont caducs, mon univers en vrac, mes certitudes explosées. Et quoique j'en dise, quoique je fasse, malgré toute la maîtrise dont je peux faire preuve, je sais, je le sens, que tout ceci irrémédiablement me change. Comment alors continuer une écriture faite de légèreté, de sensitivité aérienne, d'émotions momentanées quand tout me maintient dans une tension redoutable ?
Comment encore vous parler d'amour quand, dans un saut volontaire, j'ai quitté celui qui me berçait depuis tant de temps effaçant du tableau un paysage dans lequel j'évoluais avec bonheur ? Comment encore vous parler d'amour quand, dans ce choix, j'y abandonne une partie de mon coeur ? Comment encore vous parler d'amour quand, je quitte cette "Elle" si proche, mais si lointaine alors que mon coeur s'offre à une "Elle", si lointaine, mais si proche, bouleversant définitivement tous mes principes de vie, le premier étant laisser les ponts disparaître derrière soit avant d'en emprunter de nouveaux ?
J'ai aimé. J'aime. Et cette non transition, cette concomitance, cette simultanéité émotionnelle me pulvérisent et enlèvent à mon Avion tous ses mots. Alors que je devrais pleurer, je ris. Alors que je devrais rire, je pleure. Et je ne sais plus comment exprimer cette fiction que j'aime tant partager avec vous. Parce que je ne sais tout simplement plus comment m'exprimer.
Est-ce que j'ai le droit de vous dire tout cela ? Je ne sais pas. Pour être sincère, je me suis toujours moquée de ce qu'il se doit ou pas. J'éprouve juste le besoin, aujourd'hui, de vous décrire où j'en suis.
Samedi prochain, jour de Printemps, je vais boucler la ceinture de mon siège de pilote, vérifier une dernière fois mes instruments de bord (pour rassurer Chimères), brancher la radio sur des ondes joyeuses (grâce à Pucca), sourire effrontément au ciel (pour Edwige), déposer un voile d'or sur mes paupières (pour la Royal), crier à la vie (pour Lily), pique vers le sud ouest pour quadriller encore une fois le sol cadastré (de Chester) puis je vais m'élancer au dessus du grand bleu (en pensant à Chris) et jouer avec le vent (qui se Mel et s'Entre-Mel). en faisant un signe attendri aux dessus des buissons épineux (où Julie ne se perdra plus)... Je commence mon voyage avec tout l'espoir d'un début, la joie face à ce paysage nouveau qui se dessine devant moi, sans perdre toutes mes appréhensions mais avec la conviction, que dis-je, la foi, que tout cela EST ce que je dois, ce que je veux, ce que je désire le plus au monde.
Samedi prochain, je vole vers mon destin, vers mon Amour, vers Celle qui m'a d'abord ouvert la porte de ses mots, de ses phrases, de son monde, puis, peu à peu, vers Celle qui m'a ouvert ses bras et son coeur. Samedi pochain, je vole vers Celle à qui je dis "je t'aime". Samedi prochain, je vole dans cet avion qui ne sera pas virtuel, mais l'a-t-il jamais vraiment été ?
Samedi prochain, je vole vers un nouveau Continent.