Nouvelles érotiques au féminin, poésies saphiques, littérature lesbienne
12 Décembre 2013
Là où je suis.
C’est d’abord la terre. Une terre qui se froisse, se cogne, se rencogne, se heurte, se déchire et s’étire. C’est un nez qui se plisse et renifle et se fige des odeurs d’infinis. Une langue de terre riche et féconde, grasse d’un terreau salé, aux bruissements volcaniques et aux contes épiques. Une terre légendaire frappée de stupeur devant l’abysse.
Là où je suis.
C’est d’abord la mer. Une mer jamais bleue, jamais verte, jamais grise et toute à la fois bleue, grise et verte. D’un turquoise exotique, parfois jaune ou rouge granitique, aux cendrés les plus subtils. Ce sont des vagues qui s’en vont et reviennent, malmenées d’amplitudes, comme autant de coups de rein qui s’essoufflent, au moment de l’étale, quand les flux s’évanouissent. C’est un sel qui pourvoit de richesses l’ombre des rochers scellés.
Là où je suis.
C’est d’abord le feu. Un feu qui nous glace et se cache et réchauffe sans qu’on sache ni comment ni pourquoi. Souterrain. Ailleurs. Un feu d’arc en ouest qui permet aux pins d'ouvrir le ciel, aux lauriers rose d'adoucir les pierres, aux palmiers de bénir, aux agapanthes de bleuir, aux roseraies d’entêter, aux mimosas d’éblouir, à la lande rase de retenir les pentes abruptes des falaises plongeantes.
Là où je suis.
C’est aussi le vent, si présent qu’on l’oublie, quatrième élément en suspend, partout et nulle part, qui attire ou rejette, plaque ou élève. Un vent qui porte les chants plaintifs des anciens naufragés et emporte la note rieuse de la mouette et du fou. Un vent qui bouscule et agite, tonitrue et soupire. Un vent né du ciel et de la mer et qui se meurt en terre.
Là où je suis, je reste.
Auteure (romans, nouvelles, chansons), scénariste, amoureuse des mots et des arbres...
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