Nouvelles érotiques au féminin, poésies saphiques, littérature lesbienne
19 Avril 2011
Il y avait cette Septième Vague . Celle qui emmène loin, très loin, au-delà de soi même, sur une mer où nulle balise jamais ne résonna ni ne résonnera; dans des tracés obscurs, houle de ténèbres au cours souligné d’écume, cœur balloté, brouillards hasardeux où l’on dérive, aveugle, pôles inattendus, inconnus, où se noyer devient de l’ordre des possibles, mais où parfois et malgré tout, malmené sur son bout de rocher, phare intermittent, le bonheur, toujours présent, tentait son éveil.
J'ai pleuré
Il y avait ces refus d’être, dire, continuer, aimer, peut-être grandir. A peine la volonté de flotter. Même pas celle de nager. Plus l’envie de tenir le radeau. Il y avait ces peurs de changer, d’ouvrir, découvrir, entrouvrir, d’aller aussi loin que le regard peut concevoir, vouloir. Tout simplement regarder et voir. Et comprendre. Comprendre que l’on n’avance pas sans laisser derrière soi. Admettre qu’il faille abandonner pour se nourrir, laisser pour se mouvoir, lâcher pour continuer, et que la charge qu’on emporte avec soi ne saurait être vitale qu’on ne puisse, comme petits cailloux, la disperser sur notre route, non pour faire le chemin à rebours, mais pour en alléger son pas, petit à petit, et s’habituer à cette liberté nouvelle.
J'ai détesté
Il y avait ces mécontentements, ces pleurs et ces rages de ne pouvoir aller plus vite, ou de ne pouvoir revenir, revenir comme avant où tout était plat, silencieux, presque mort mais que le souvenir rendait si rassurant. Là-bas, où se trouvait avant, la vie d’alors, ce passé enjolivé parce que passé justement, derrière soi, non plus à construire, non plus à craindre et qu’on contemple en plissant les yeux pour n’apercevoir que ce qui brille, que ce qui est était beau, que ce qu’on avait peint de vives couleurs pour masquer l’ennui, les ombres… cette imperfection qui ne se voit pas de loin. Et qu’alors, on peut oublier.
J'ai refusé
Il y avait cette lâcheté, parce qu’il est plus simple de continuer dans ce qui est connu, que d’avancer dans l’inconnu. Parce que nous sommes faits ainsi que nos corps tremblent devant l’étrange de ce que l’on apprend, devant l’étranger vers qui l’on se tend, vers la difficulté quand il faut découvrir, de la terreur lorsqu’il faut approuver et que l’on pourrait laisser aisément cette crainte devenir la plus forte, roulant boulant nos âmes en position fœtale, yeux fermés, bouche cousue, poings serrés. En refusant d’être.
J'ai abandonné
Et soudain je vois les ivresses incertaines et joyeuses, les matins aux réveils brûlant de fièvre, si vivants ! J'accueille la folie des rires qui éclatent, fusent, feux d’artifice sonore, bruyants, glorieux ou émouvants. Je ressens tout cet amour, donné, partagé, qui se cambre, qui rue, qui galope et désarçonne. Et je sais… qu'il y a… tout… là, bien présent, quand le voile se déchire, que le brouillard se dissipe et qu’enfin tout d’avant disparait, englouti, évaporé, détaché pour qu’enfin ce qui est, ce qui doit, ce qui vient, apparaisse. L’amour gagne encore. L’amour gagne encore.
J'ai résisté
Auteure (romans, nouvelles, chansons), scénariste, amoureuse des mots et des arbres...
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