Nouvelles érotiques au féminin, poésies saphiques, littérature lesbienne
11 Septembre 2012
Attends.
Il faut d’abord que ta respiration se calme. Prendre ton temps. Te concentrer. Espérer. Imaginer. Ton plaisir est à ce prix, au prix de ton désir, un désir à l’image de ton attente. Grand. Et puissant. Si tu le veux. N’entends pas de l’autre le jugement. Laisse le regard qui réprouve. Donne de l’indulgence à ta morale et n’écoutes que ton souffle, qui, à se libérer, te prendra toute entière. Laisse les bruits. Ferme doucement ta porte. Entre en toi.
Ecoute.
Tu es assise. Ou allongée. Choisis ta position, celle qui te convient, celle qui te donnera la liberté du geste, le confort du mouvement, esquissera le dessin que suivront les pensées. Car tout est là, tout réside dans ces prémisses où naissent les images, sans tabou, sans refus, dans l’accueil de l’indécence, dans l’amour de ce qui fait rougir. Et si tu veux baisser les yeux, que ce soit dans la douceur de cet instant, celui qui précède la fièvre, là où le sommeil pourrait surprendre le silence de tes soupirs.
Y es-tu ?
Alors attends, attends encore un peu car rien ne te presse, rien ne t’agite, rien d’autre que l’envie frémissante, encore légère mais de plus en plus présente de ce qui viendra, de là, du bout de tes doigts, sur la fleur de ta peau, le long de tes muscles encore détendus mais prêts à se tendre pour suivre cette danse. Attends, attends encore un peu et ne crains pas la solitude immobile que portent en elles les terres fertiles.
Voilà le début.
Ton cœur s’accélère mais ses battements sont lourds, comme un tambour lointain et sourd, réguliers, oppressants, basse rythmique et charnelle. Ta main sur ce cœur voudrait l’apaiser mais comment réguler cette vie en toi qui n’attend qu’à jaillir ?... alors tu ne bouges toujours pas de peur de voir fuir cette espérance et tu écoutes, chaque battement, comme un murmure qui te répète que tout va bien, que tu es là, bien là, et que l’orage qui gronde en toi ne te fera jamais de mal.
Tout commence.
Par un simple geste, ce qui n’était que rondeur se tend, pointe et durcit au sein de ce corps, étrange, qui t’appartient et t’étonne, dont tu te souviens et que tu découvres, là, sous ta main surprise. Déjà la douceur est palpable, la satisfaction présente et le frisson pénétrant. Il te suffit de continuer ainsi pour que s’érige, encore plus dur et tendu, offert à ton propre caprice, ce bouton rose qui dessine avec tant de grâce la rondeur féminine de ta poitrine. Alors tu en joues, roulant, pinçant, délicieusement, avec tact au gré de la langue de l’envie que te susurrent les mots pluriels de ton émotion.
Et puis elle arrive.
Elle arrive cette vague lointaine, ce ressac qui vient battre ton flanc, et ton ventre qui lui aussi, rond et doux, respire, se gonfle, se vide, se comble à nouveau. Elle arrive cette sensation sibylline née de tes caresses qui enfle tout à son passage et libère cette tiédeur humide dont nul ne connaît la source. Déjà tu voudrais en jouir que ta main en tremble, encore toute accaparée par la subtile dureté de la douleur du plaisir. Mais comment résister à ce que l’on pressent et que notre corps veut, espère, impérieux et fantasque.
Alors tu le fais,
Tout doucement, la main éperdue, les doigts contrariés de tant de retenue, venant écarter ces lèvres aux doux babils, et libérer ce flux qu’on ne pensait pas si puissant, si profond, si tumultueux, comme une rivière gonflée d’une pluie de soir d’été. Les doigts sont agiles et savent, exactement, y trouver leur chemin et même s’enhardissent. Là aussi, il fait dur et doux et chaud et tendre et fort, comme au sein de ton cœur qui, de ta poitrine, semble vouloir sortir.
Sortir. Et c’est là où moi aussi, je disparais.
Auteure (romans, nouvelles, chansons), scénariste, amoureuse des mots et des arbres...
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