Nouvelles érotiques au féminin, poésies saphiques, littérature lesbienne

Là où j'existe (suite)

Je n’ai pas dormi là-haut, hier soir. Je l’ai raccompagnée, chez elle, dans sa maison de pierre, au cœur du village. Je lui ai fait peur sur la route. J’étais désolée. J’ai ralenti et laissé passer les voitures. Nous avons dîné sur la Grand Place, là où il y a la foire, le jeudi. La serveuse nous a apporté de larges assiettes de légumes grillés, marinés sous un filet d’huile d’olive, accompagnés d’une tapenade. Nous avons ri. Nous nous sommes dit qu’après tout ce que nous avions déjà mangé, le midi, là-haut, nous n’aurions pas assez d’appétit pour tout ça. Nous avons tout dévoré et fini le vin. L’air devenait plus doux, presque agréable. Nous avons marché dans les ruelles. Elle m’a montré un magnifique point de vue, près de l’église. Elle a pris ma main, dans le noir. Nous nous sommes tues, regardant la nuit, les lumières fragiles, les ombres mouvantes sur le cours. Elle m’a dit qu’elle voulait m’embrasser mais qu’elle ne pouvait pas. Qu’elle était trop connue, ici, que cela ne se faisait pas. Alors je lui ai murmuré mes baisers sans les lui donner. Puis nous sommes revenues vers chez elle. Je l’ai remercié de cette soirée délicieuse, de cette journée merveilleuse. Elle m’a dit qu’il faisait bien noir pour reprendre cette route et remonter tout là-haut. Je l’ai suivie dans sa chambre. J’ai enlevé sa robe, la passant par dessus sa tête. Dans l’obscurité, je l’ai sentie rougir. Elle m’a dit que c’était la première fois. Je lui ai dit que c’était toujours une première fois, qu’elle ne devait pas être inquiète. Elle m’a rassurée, elle ne l’était pas. Elle a dégrafé un à un les boutons de ma chemise et l’a fait glisser derrière mon dos. On pouvait entendre les battements de nos cœurs qui s’affolaient subitement. Je ne portais rien sous ma chemise, elle a regardé mes seins et m’a demandé si elle pouvait les embrasser. Je l’en ai suppliée. Nous nous sommes allongées, nues, sur son lit, un lit large, confortable. Elle m’a demandé d’attendre. Elle s’est relevée et a repoussé les persiennes. Elle voulait voir la nuit, les étoiles, mon corps. J’ai regardé dehors et j’ai vu que d’ici, on était trop bas pour toucher le ciel. Elle est revenue vers moi. Elle m’a embrassée, d’abord du bout des lèvres, avec timidité, furtivement puis plus posément, plus longuement. Je la laissais faire, ne prenant pas d’initiative, pour ne pas la troubler plus, pour qu’elle-même puisse apprivoiser son désir. Sa langue est alors venue au contact de ma langue. J’ai entrouvert les lèvres laissant échapper un soupir qu’elle reprit en écho. J’ai caressé son dos qui s’est cambré, lui faisant poser la pointe de ses seins sur ma poitrine dont les tétons, si durs, en devenaient presque douloureux. Elle ne cessait de me regarder comme si elle n’en revenait pas de ce qu’il se passait, de me trouver là, sous ses caresses, nue contre son corps nu. Je la pris délicatement mais fermement dans mes bras et la couchais sur le dos. Elle se mit à trembler. Sans l’embrasser, je passais mes lèvres dans son cou, aussi légèrement que ma main, l’après-midi, avait caressé sa cuisse. Elle ne pouvait sentir que mon souffle et l’ourlet de ma bouche. Elle me désirait, tout son corps en vibrait mais je prenais mon temps, laissant s’exacerber son exaltation. Sa langue chercha à nouveau ma langue, plus impatiente, moins pudique. Nous nous embrassâmes avec fougue, volupté. Je n’en pouvais plus de la faire attendre. Je glissais ma main entre ses cuisses qu’aussitôt elle écarta. J’embrassais sa bouche, la pointe de ses seins, son ventre, le pli de ses cuisses. Elle soupirait, murmurait son plaisir. Ma langue vint alors se poser sur ses lèvres mouillées, glissantes, offertes. Tout en caressant ses seins, je l’embrassais ainsi, tentant de suivre, du bout de ma langue, ses envies, son désir, ses plaisirs. Elle jouit dans ma bouche, se cabrant, laissant échapper un cri étouffé de jouissance qu’elle ne pouvait contenir plus. Elle m’appela, plusieurs fois, comme pour s’assurer que c’était bien moi, là, au milieu d’elle. Elle me redressa, me regarda à nouveau longuement, puis me fit glisser sous elle, sa bouche venant aussitôt à la rencontre de mon propre plaisir. Ce fût à mon tour de lui offrir mes murmures, mes soupirs, mes mains dans ses cheveux, mes cuisses entourant son visage, la retenant encore un peu.

 

La nuit était encore profonde. Elle s’endormit contre moi, sans manière, naturelle, dans un dernier murmure. Je tournais la tête vers la fenêtre pour regarder les étoiles.

 

Je ne pouvais pas toucher le ciel, j’étais dans le ciel.

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À propos
M. T.

Auteure (romans, nouvelles, chansons), scénariste, amoureuse des mots et des arbres...
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V
oui effectivement dommage que cela ne soit plus qu'un souvenir
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M
<br /> <br /> Alors peut-être qu'il est temps d'ouvrir votre ciel à un nouveau soleil ?...<br /> <br /> <br /> <br />
V
c'était elle et moi
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M
<br /> <br /> Alors c'est un bien doux souvenir, Valentine.<br /> <br /> <br /> <br />
Y
Fan de cette écriture !
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M
<br /> Flattée, touchée, joyeuse !<br /> <br /> <br />
O
Ma chère Angie,<br /> C'est tellement beau, tellement plein de choses divines et enchanteresses que j'aurais aimé être Elle.
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D
J'aimeeeeeeeeee
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