Elle a posé ses lèvres sur mon front. Il fait chaud, yeux mi-clos, sans vrai sommeil, juste une envie de paresse, allongée, main sous la nuque. Elle s’est étendue sous le pin, à côté de moi, au plus près, elle s’est glissée. Tête calée contre mon épaule, sa main sur mon bras, sa jambe contre ma jambe. Elle aussi a fermé les yeux. Plus de bruit pour nous atteindre. Elle me désire, son corps me l’a dit pendant le long déjeuner, sous la treille. Je la désire, mon corps me l’a dit pendant tout ce temps d’attente. Nous ne bougeons pas. Pour que tout se repose autour de nous. Une veine tape contre ma tempe. C’est son cœur qui bat. L’air nous caresse, nous enveloppe, nous sépare de tout ce qui n’est pas nous. Une branche au dessus de nos têtes doucement balance et se tourne, sculpture végétale, mobile. Cela fait une petite musique que nous entendons chacune, l’une devenue l’autre, l’autre enfuit vers l’une. Le désir depuis longtemps éveillé, captivé, alangui, s’impatiente. Nous ne bougeons toujours pas. Juste ma main qui frôle, aile d’éphémère. Elle soupire, je lui souris. Nous nous saisissons sans jamais nous toucher. Le plaisir a libéré notre source de vie qui parfume nos lèvres encore prisonnières, en attente fébrile d’une caresse, d’un murmure, d’un souffle, d’une langue qui viendra lui raconter le délit des langueurs. Le ciel nous enlace. Nous voguons dans l’azur. Nous sommes l’une, nous sommes l’autre dans ce plaisir qui est le sien, dans ce plaisir qui est le mien, qui s’immisce, se répand et s’étend. Un papillon virevolte, se pose, s’envole à nouveau. Elle a posé ses lèvres sur mon front.
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