Nouvelles érotiques au féminin, poésies saphiques, littérature lesbienne
29 Avril 2020
On m’a dit que tu restes dans ta chambre
Que tu ne la quittes plus.
Que tu ne veux plus sortir, voir le monde
Bouger, parler, que tout cela t’angoisse
Que tout cela t’ennuie.
Tu restes à lire, à rêver
Devant ta fenêtre et cela suffit
Sur une musique lointaine et douce
Tu brosses tes cheveux longs, si longs.
Parfois tu fumes
Une, deux, trois cigarettes
Et tu soupires, languissante
Au profil de la nuit
Qui de douceurs t’enveloppe.
Tu n’as besoin de rien
De rien d‘autre
Être là te suffit
Et le temps n’existe plus
Inutile
Ni plus long, ni plus court
Juste un souffle qui te lasse
Et que, parfois, ta main enlace
As-tu donc oublié ce monde
Toutes ces rumeurs qui grondent
Que d’emblée tu abandonnes
Au dehors et à l’ailleurs ?
As-tu donc rejeté les rires
Tous ces mots et ces plaisirs
Que sans doute je t’apportais
Quand au hasard tu me lisais ?
On m’a dit que tu ne bouges plus
Que ton corps sur le dos repose
Et ta main en suspend sur ton sein
A peine frôle ce que le souffle dresse
Que tu refuses
Encore d’aller plus loin
Refoulant tes désirs
Et ce que ton ventre appelle
Lorsque doucement il se soulève
Dois-je y croire
Vraiment
A tous ces tourments
Ces gestes lents
Tout ce reniement ?
Non.
Rien ne m’y oblige
Parce que je sais en toi
L’ivresse et le vertige
Lorsqu’à moi tu t’obliges
Donne, donne, et prends
Ne te mets pas en suspend
Corrige la nonchalance
Qui te perd et t’endort.
Sort. Reprends la main.
Sur toi, sur ta peau
Et tout ce qui vit vibrera
Parce que tout est là
En toi, sur toi, contre toi
Dans un écart
Dans une esquisse
Dans un frisson
Dans un délice
Le chaud. Le doux. L’humide
Le creux. Le plein. Le rond
Et le dur si lisse
Juste là qui s’immisce.
A toi le plaisir
A portée de tes doigts
Douce musique qui vibre
En échos profonds
Continue et ne t’arrêtes
Avant de ressentir la fièvre
Qui en toi montera
Comme une sève
Alors je saurai que tu te cambres
Et avec toi dans une chambre
Je glisserai au Mont Vénus
Tous mes secrets
Alors tu sauras qu’ailleurs d’ici
Près de toi et avec toi
D’autres caresses sans fin ne cessent
Pour te conduire et me conduire
Encore et encore à jouir
Je te le jure
Te le promets.
A lire et me relire
Tu n’auras plus qu’à ressentir
Et après, seulement après,
Tu pourras si tu le veux
Brosser tes cheveux longs, si longs.
Auteure (romans, nouvelles, chansons), scénariste, amoureuse des mots et des arbres...
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