Nouvelles érotiques au féminin, poésies saphiques, littérature lesbienne

Questions sans réponse

J’aime lorsqu’il pleut.  Lorsqu’il fait chaud et lorsqu’il pleut. Comme aujourd’hui. Je ne porte presque rien. Je regarde la pluie tomber et toute cette eau, cette humidité, cette moiteur déclenchent le branle de mes sens, de mes désirs, de mes envies. Il pleut et il fait chaud, merveilleuse combinaison amoureuse, qui me donne l’eau à la bouche, me rend gourmande. Je suis mouillée comme cette pluie. Je suis toute chaude comme cette moiteur, je suis ouverte comme ma fenêtre. Mes doigts se jouent de mes tétons libres, durs, puis fuyants, puis à nouveau durs et dressés puis disparus. Je les laisse aller et venir à leur gré ne forçant pas leur montée ni ne m’inquiétant de leur disparition. Le plaisir de la caresse est discret mais bien présent. Je ne ferai rien pour l’affoler. Là aussi je laisse venir. D’ici peu je vais aller m’allonger, me mettre à mon aise, tout enlever et le dos calé sur la douceur du drap, c’est à toi que je penserai.


Que ferais-tu si tu étais à mes côtés ? T’enfuirais-tu ? Où viendrais-tu t’allonger, toi aussi, dénudée, alanguie, pressante ? Poserais-tu tes mains sur moi ? Me regarderais-tu ? Chercherais-tu à m’embrasser, mouillant ma bouche, et mes lèvres de ta langue. Aurais-tu toi-même envie de mon désir ? Cela exciterait-il ton propre désir ? Serais-tu douce ou sauvage ? J’aimerai les deux à la fois.


Je te voudrais sur moi, tes jambes entre les miennes, tes seins contre mes seins.  Sont-ils ronds ? Petits ? Lourds ? Viendrais-tu poser leur petit bout dressé dans ma bouche pour que je le happe, le suce, le roule et l’excite ? Je sais que ma main descendant ton ventre irait se perdre dans cette toison mystérieuse, mousse brune ? Blonde ? Rousse ? Je m’y fraierai un passage délicatement aidée par ce flux venant de toi, qui rendrait ton désir si glissant. Soupirerais-tu au contact de mes doigts ? T’écarterais-tu pour me laisser le passage ? Me mordrais-tu ? Me lècherais-tu ? Jouirais-tu de moi comme je voudrais jouir de toi ?


Je te devine, je te dessine du bout de mes tétons si délicieusement généreux de plaisir.  Je me redresse. Mon ventre, peu à peu, se remplit de douceurs, d’attentes, de frémissements . M’embrasserais-tu, alors, à m’en faire perdre le souffle pendant que tes doigts, experts et délicats, viendraient au plus profond de moi, constater l’ampleur de mon émoi ? Que chercherais-tu d’abord ? Mon dos ? Mon ventre ? Mes fesses ? Mes seins ? Moi, je serais offerte, patiente, vibrante, excitée. Tu vois, déjà, rien que l’idée de toi me fait gémir. Je me redresse encore un peu, me cambre, m’ouvre. Poserais-tu ta bouche sur mes lèvres intimes ? Passerais-tu ta langue sur cette piste humide, déclenchant le torrent de ce jus que tu boirais à ma coupe ? Sentirais-tu cette vibration venir de si loin qu’elle te ferait trembler de peur d'en être renversée ?


Tu vois, tu n’es pas là, pourtant, c’est toi que je sens. Me diras-tu seulement ton nom lorsque ma jouissance emportera ma dernière parcelle de retenue, de pudeur pour que je puisse le crier et nommer ainsi mon orgasme ?


Il est temps pour moi d’aller chercher les réponses à ces questions.

 

 


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À propos
M. T.

Auteure (romans, nouvelles, chansons), scénariste, amoureuse des mots et des arbres...
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C
C'est comme les soirs précédant la première fois...l'attente, l'envie, l'explosion de désir...et puis arrive la nuit tant attendue, la démystification de cette partenaire si désirée, qui rime souvent avec déception...
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M
Déception ?... alors cherchez encore, ne désespérez pas, continuez, éprouvez, aimez, lâchez, n'attendez rien, prenez tout... nos souhaits mais aussi nos craintes trop souvent nous briment, nous contraignent parce qu'à trop vouloir les écouter, parfois elles nous isolent, nous rendent sourdes. L'Autre doit être non pas une attente mais une surprise, non pas une conception mais bien une inconnue à qui on s'ouvrira pour tous les possibles.
L
Et tant d'autres choses...
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M
<br /> ... sourire...<br /> <br /> <br />
L
Extremement troublée, limite haletante... Mais il y a des choses qui effectivement ne se disent pas....
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M
<br /> ... qui ne se disent pas mais se savourent... comme un bain ou une marche par exemple, et tant d'autres choses...<br /> <br /> <br />
E
tout en poésie, tout en finesse... les premières lignes donnaient envie d'en voir plus, et la suite était à la hauteur. Très agréable à lire.
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M
<br /> Merci pour ce commentaire qui me fait tout chaud au coeur. C'est toujours une petite mort pour moi de poster un texte sans savoir comment il va être reçu, si on va l'aimer, prendre plaisir à le<br /> lire. Alors, de recevoir ces quelques mots me comble.<br /> <br /> <br />
T
Le doute fait naitre l'espoir, les questions révèlent le doute, l'espoir nourrit le rêve. <br /> Je rêve... sans doute.<br /> Tetard
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M
<br /> Le rêve, la réalité, l'inconnu... il n'est pas toujours aisé de s'y repérer, sauf à savoir où l'on va.<br /> <br /> <br />
P
Et oui connaitre les réponses c'est prendre le risque de perdre le fantasme...
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M
<br /> Très juste. c'est tout le paradoxe de l'amour. On veut s'en assurer mais dans le même temps, on a terriblement peur qu'il ne soit pas à l'image que l'on s'en fait. Mais je sais aussi que poser les<br /> questions permet, parfois, d'obtenir de surprenantes et magiques réponses. Alors moi je les tente, toujours lorsqu'elles sont réellement motivées au fond de moi, parce que je sais que la chance du<br /> bonheur vaut bien le risque d'un chagrin. Bon dimanche de soleil à toi.<br /> <br /> <br />
O
Oui, que de belles questions sans réponses... Mais aimes-tu vraiment les réponses?
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M
<br /> Si les réponses sont douces, alors oui. Si elles sont cruelles, alors non. Tu le sais, je suis un peu faible...<br /> <br /> <br />